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mardi 07 juin 2022

Au cœur de la cathédrale de cire : la nurserie qu’on nomme couvain
De l’œuf au stade larvaire
La reine dépose ses œufs sur les rayons de cire dans la partie centrale, entourée d’une première couronne de pollen, les protéines indispensables pour les nourrices et les larves et d’une seconde de miel qui joue également le rôle d’isolant.

Extrait « Dans le secret des abeilles » de Sylla de Saint Pierre.

« Dans l’obscurité palpitent les bébés au fond de leurs cellules de cire. Des dizaines de milliers de larves servies par des milliers de sœurs qui exsudent un lait riche, onctueux, à la saveur sucrée et acidulée. La cire vibre sous les petits pas des ouvrières. Une jeune nettoyeuse de trois jours erre sur les crêtes cuivrées des alvéoles. Elle hésite devant une cellule vide encore souillée après l’éclosion d’une nouvelle-née, s’y plonge pour la nettoyer, se ravise, ressort, ne sait plus. Quelque chose a mûri en elle, qui est en lien avec les bébés. Ses antennes captent leurs senteurs mêlées. Les mêmes qui hier la laissaient indifférente l’appellent aujourd’hui d’une voix chamarrée, légère et puissante qui la fait vaciller jusqu’au vertige. Elle n’a connu l’amour, elle n’enfantera jamais mais elle sera pour ses sœurs à venir la plus attentionnée des mères. »
Chaque œuf, minuscule « grain de riz » recevra une goutte nacrée de gelée royale par des nourricières durant trois jours avant son éclosion qui libèrera une larve nourrie au pain d’abeille, mélange de pollen et de miel. Chaque berceau sera visité près de mille trois cents fois par jour, plus de dix mille visites entre le stade de l’œuf et le stade nymphal.
En moins de vingt secondes grâce à ses antennes humant l’haleine parfumée du bébé la nourrice est capable de reconnaître le sexe, l’âge e les besoins de toute larve et d’en déduire la juste proportion de miel, pollen, eau et sucs nourriciers.
La phéromone du couvain provoque le développement des glandes nourricières des jeunes abeilles et leur stérilité. Plus il est puissant et plus il retarde l’âge où la nourricière abandonne son poste pour s’acheminer vers l’ivresse du grand air et devenir butineuse.